Le mot « crise » est sans aucun doute l’un de ceux que nous entendons ou lisons le plus ces dernières années. Il n’évoque, pour l’immense majorité d’entre nous, rien de bien positif. Ses corolaires ; morosité, sinistrose, baisse d’activité, et autres réjouissances de cet acabit sont immédiatement proposées à notre subconscient. Et pourtant …
Une crise d’origine grecque, avant de devenir grecque …
Étymologiquement le mot « crise » provient du grec « krisis » qui signifiait jugement, décision. Il était utilisé pour exprimer toute forme de choix lié à un changement. Il fut au fil du temps transformé, et devint en France au Moyen-âge l’expression consacrée pour décrire une manifestation violente et brutale d'une maladie. Par extension, il sert aujourd’hui à qualifier les moments difficiles de notre existence. On parle ainsi de crises financières, économiques ou politiques, mais aussi de crises existentielles, de panique ou de nerfs … Nous avons même parlé de crise pétrolière, ou plus récemment de crise climatique ou de crise grecque lors de laquelle, paradoxalement, le jugement, la décision d’origine semblent avoir justement échappé à nos amis grecs.
Nous sommes, en cette fin d’année 2011, comme nous l’étions en 2008, en 1987, en 1973, en 1929, 1907, 1893, 1873, … Nous connaissons une crise économique. Et pourquoi pensez-vous que je veuille me réjouir de cet état, et que je souhaite vous entrainer dans mon optimisme débordant ? Parce que dans le mot crise il y a de l’espoir. Parce que dans le mot crise il y a matière à une forme de renouveau. Et parce que pour les gens comme moi, amoureux du changement, les crises sont autant d’occasions de rebondir pour aller plus loin et plus vite, et pour nous faire réfléchir à des moyens d’évolution que notre fainéantise naturelle nous aurait empêché d’identifier en l’absence de cette forme de contrainte sou tendue par les crises.
Qui dit crise, dit provisoire
La première des raisons qui fait que l’on peut se réjouir de la crise, réside en sa temporalité. Une crise n’est pas faite pour durer. Toute crise est vouée à disparaître, même les crises chroniques … Une crise n’est rien d’autre qu’une étape dans un processus d’évolution. Le meilleur moyen de s’en convaincre est de s’inspirer des multiples crises existentialistes qui jalonnent la vie de tout être humain :
--> la naissance représente un passage d’un état hautement sécuritaire (le ventre de la mère), à un état de stress intense dû au bruit, au froid et à la lumière,
--> la crise des 3 ans correspond à l’affirmation de soi, à l’apprentissage du non,
--> la crise d’adolescence n’est rien d’autre qu’un passage vers la vie adulte,
--> la crise de la quarantaine (ou de la cinquantaine) est la volonté de passer de l’état de reconnaissance sociale à celui d’épanouissement personnel.
Qui dit crise, dit choix
Certains philosophes et sociologues voient dans toute crise un moment d’opportunités dans la douleur. Il s’agit de faire un certain nombre de choix plus ou moins douloureux, puisqu’il est bien connu que choisir c’est renoncer … Mais choisir c’est aussi prendre sa vie en main, c’est apporter des réponses à des interrogations, c’est tester des solutions, et c’est s’ouvrir à de nouveaux horizons. Au niveau de l’économie et de la vie des entreprises, je vois en toute situation de crise, l’obligation de mettre en place des mesures que personnellement je souhaiterais voir s’installer de manière beaucoup plus systématique : affiner son offre, mieux surveiller ses concurrents, optimiser ses ressources, et innover …
Qui dit crise, dit changement(s)
Toute crise est une occasion à saisir pour s’interroger profondément sur ce qui doit être remis en cause. La crise pétrolière de 1973 a donné naissance à des voitures beaucoup moins polluantes, à des habitations mieux isolées, à des industries plus économes qui nous ont contraints de manière irréversible à nous comporter différemment sans que nous ayons en final à nous en plaindre. Je suis certain que la crise économique actuelle fera place plus ou moins rapidement à un certain nombre de changements dont nous n’aurons qu’à nous réjouir.
Qui dit crise, dit opportunités
On dit souvent qu’en cas d’épidémie, seuls les plus forts résistent. Il en va de même pour les crises. Les entreprises les plus réactives, les plus solides, les plus performantes, en final les plus utiles pour la société, survivent aux crises. Des opportunités de nouveaux marchés apparaissent pour de nouveaux acteurs. De nouvelles règles de jeux voient le jour, favorisant l’émergence de nouvelles activités qu’il convient de proposer pour repartir sur des bases saines.
Alors, êtes-vous prêts à vous réjouir de la crise avec moi ?
La crise ou le temps de la déconstruction des modèles.
RépondreSupprimerC’est avant tout, comme les grands évènements de l’existence – maladie, rupture sentimentale, naissance et autres, le moment de se poser, d’une rétrospective des actions, des décisions et réalisations passées. La crise, et je rejoins Gérard sur certains points, doit être un vecteur de rebond, doit offrir un temps à l’analyse, doit permettre de s’ouvrir aux opportunités nouvelles. Elle s’avère aussi une excellente occasion d’innover ; innover dans le management, dans son approche du business, dans sa communication. Dans une structure agile comme peuvent l’être l’ensemble de nos PME, le mot de « crise » ne doit pas être vécu, entendu négativement, il faut sauter sur l’occasion pour améliorer nos modèles. Oui Thierry, je me réjouis avec toi de cette crise. Le temps de la réflexion déjà derrière moi, je veux de la crise un raison supplémentaire, un tremplin vers le changement, vers l’innovation pour relever de nouveaux challenges.
Geoffroy Vuanda