vendredi 27 avril 2012

Quand Art et Marketing ne font plus qu'un



Art et Marketing sont trop peu souvent des termes que l'on associe. Sont-ils compatibles entre eux ? Peut-on concevoir qu'un artiste utilise des techniques marketing pour se promouvoir et se vendre ? A l'inverse, peut-on envisager d'utiliser l'art comme moyen de faire du marketing ? Et si finalement les deux pouvaient se rendre service mutuellement ...

Les artistes sont sans doute les meilleurs marketeurs du Monde ...
Les artistes possèdent une arme que nulle entreprise ne peut manier avec autant de facilité et d'aisance ; l'art de la provocation ... L'Histoire a retenu à jamais les frasques d'un Dali, d'un Warhol ou d'un Hirst dont le point d'orgue de leur arrogance et de leur esprit provocateur à tous, trouve son apogée dans l'expression désormais devenue célèbre de ce fameux Damien Hirst : "Ce qui compte, c'est que notre art soit grandiose, putain. Rien à foutre de ce qu'ils veulent. Ils achèteront ce que vous leur filerez. Point." Et que dire de l'attitude non moins célèbre de Picasso qui, au sommet de son art, ne se cachait plus d'être capable de vendre à prix d'or le moindre gribouillis réalisé en quelques secondes sur le coin d'une table ? Ne pensez-vous pas qu'il s'agit là d'une manière fort habile de passer le message que lorsque cela se produira (que Picasso mette en vente un "gribouillis de coin de table"), il faudra se précipiter pour l'acquérir ?
C'est aussi à notre très cher Damien Hirst que nous devons l'anecdote qui relate l'histoire de l'une de ses toiles qui aurait été retrouvée dans une poubelle d'une galerie d'art tout à fait par hasard par une femme de ménage. Cette dernière l'aurait ainsi sauvée d'une triste fin, le responsable de la galerie d'art en question s'empressant de remettre cette toile dans sa galerie à un rang beaucoup plus élevé que celui qui lui avait été réservé avant sa malencontreuse rétrogradation ... La rumeur raconte que cette histoire fut montée de toute pièce par le responsable de la galerie (à moins que ce ne soit par Damien Hirst lui-même ...) dans le but de susciter un buzz marketing certain ... Allez savoir ...

Les entreprises aiment l'art puisque leurs clients aiment l'art !
Prise dans l'autre sens, l'association du marketing à l'art a également fait ses preuves à maintes reprises. Les entreprises, pour l'instant les plus grosses, mais on voit aussi des PME jouer de cette corde, ont appris à associer l'image vertueuse de l'art à leur propre image. On peut d'ailleurs décliner ces associations sur 3 niveaux différents :

1.  Les vertus managériales de la réalisation d'une oeuvre d'art collective ne sont plus à prouver. On trouve de ci de là des artistes qui mettent leur talent au service de la cohésion d'équipes à l'occasion de séminaires  ou événements d'entreprises.

2. Une entreprise qui s'affiche comme mécène d'un artiste se construit (d'aucun dirait "s'achète" ...) une image de générosité, de désintérêt et d'utilité à la société à travers sa composante culturelle.

3. L'utilisation d'oeuvres d'art ou d'artistes comme supports de campagnes de communication autorise des paraboles qui n'auraient pas été possibles sans eux. Citroën et sa gamme Picasso est un exemple de ce "détournement", et plus récemment et de manière plus originale, on peut noter les techniques de Street Marketing qui manient l'art de la communication de rue (tags, collages, stickers, pochoirs, installation d'objets détournés ou non) au service de la promotion d'une marque. Renault, Weber, Mc Donald, KitKat ont récemment utilisé ces moyens de communication artisitiques.

Montrer que l'on aime l'art et que l'on n'hésite pas à l'utiliser pour communiquer est une arme marketing redoutable, mais pas si souvent que cela mise en oeuvre.

Il est bon de noter qu'un certain nombre d'agences ou d'organisations se sont créées ces dernières années afin de permettre à des artistes de rencontrer des entreprises, et vice-versa :

Je ne pouvais pas terminer cet article sans vous recommander de recommander (!) d'utiliser les services d'un artiste au talent fou (à moins que ce ne soit un artiste fou de talent ...), Christophe Durand,  qui a décidé de mettre son art au service des entreprises en leur proposant d'associer une toile à leur métier ou à leurs valeurs humaines ainsi qu'à une cause généreuse, à travers la création d'une Association en faveur d'enfants malades (http://christophe-durand-creations.fr/ & un-Rêve-à-Vivre).

vendredi 20 avril 2012

Ayons le courage de désorienter nos clients

Je m'étais déjà interrogé il y a quelque temps sur l'intérêt (ou pas !) de l'écoute client (le poids des habitudes) comme base de sa stratégie marketing. J'irai cette fois-ci plus loin en m'interrogeant sur l'intérêt de satisfaire (ou pas !) ses clients. Ou plus exactement, je souhaiterais apporter des éléments de réflexion au sujet de la volonté de dorloter ses clients à tout prix. Est-il donc si louable que cela de vouloir plaire à ses clients ? Les satisfaire est-il le seul moyen de les convaincre que vous êtes le meilleur ? N'y a-t-il pas d'autres solutions pour séduire ses clients ?
Cela parait pourtant évident de vouloir satisfaire ses clients pour les conserver, et se doter aussi d'arguments de choc pour en conquérir de nouveaux. Oui mais voilà, c'est à peu près ce que tout le monde fait ... La satisfaction client, telle que pratiquée depuis longtemps maintenant, mise au centre des préoccupations (ou en tout cas affichée comme telle ...) de toute entreprise, n'est absolument plus une arme efficace puisqu'à la disposition de tout le monde. Ce n'est plus un avantage concurrentiel suffisant ! Ce n'est plus différentiant ...
Stephen Brown, pape du marketing aux Etats-Unis et trublion en la matière, s'est longuement exprimé à ce sujet dans son ouvrage daté de 2004 Série Limitée (qui est d'ailleurs en rupture de série en France ...), et plus récemment Vineet Nayar dans Les employés d'abord, les clients ensuite. L'un prône la désorientation du client et l'autre son repositionnement vis-à-vis des relations particulières qui se nouent avec vos employés.

1. Lâchez leur la grappe !
Adopter une stratégie de satisfaction du client n'est peut-être pas la bonne tactique, ne serait-ce parce qu'elle n'aboutit qu'à une overdose de messages du type "je vous ai compris !" qui finissent par lasser les consommateurs. Tout le monde comprend tout le monde et tout le monde agace tout le monde ... N'oublions pas que nous sommes au coeur d'une ère de l'individualisme qui véhicule le comportement du "Vous ne pouvez pas si bien me comprendre puisque je suis un être unique et revendique mes particularités". Comme le dit si bien Stephen Brown : arrêtons de souffler dans la nuque des consommateurs !

2. Ne sur-vendez pas !
Ces mêmes consommateurs ont pris l'habitude de chercher les failles dans nos messages publicitaires. Un produit que l'on promeut de façon trop ostentatoire devient vite suspect :"pourquoi dépensent-ils autant d'argent pour me convaincre si ce produit est si bien que cela ? ...", "pourquoi mettent-ils en avant cet argument ? Qu'essayent-ils de masquer d'autre ?", "Je vois bien que ce message est une attaque directe vers tel ou tel concurrent. Justement quels autres atouts possède ce concurrent ? ..."
Ne conviendrait-il pas plutôt de flatter ses clients en leur disant qu'ils sont beaucoup trop futés pour qu'on puisse se permettre de les berner ?

3. Faîtes-vous désirer !
Donald Trump dans son best-seller de 1987 The art of the Deal expliquait que se faire désirer était devenu pour lui l'arme fatale en matière de négociation commerciale : "Notre stratégie marketing était simple : nous faire désirer. Une technique commerciale inversée. Si vous êtes assis dans un bureau avec un contrat à la main, impatient de signer la première affaire qui se présente, les gens se disent que les appartements ne sont pas très recherchés. Jamais nous n'avons été pressés de signer un contrat. Lorsque les gens venaient, nous leur faisions visiter l'appartement témoin, et puis nous nous asseyions et bavardions, et s'ils étaient intéressés, nous leur expliquions qu'il y avait une liste d'attente pour les plus beaux appartements. Plus les appartements semblaient intouchables, plus les gens les voulaient."
De nombreuses études ont montré que plus les choses se font rares, ou montrent d'une façon ou d'une autre qu'elles peuvent un jour faire l'objet de pénurie, plus elles sont attirantes.

4. Sachez vous limiter !
Un des paradoxes du marketeur réside dans le fait qu'il fait tout pour qu'un maximum de consommateurs achète son produit, en sachant pertinemment que ces mêmes consommateurs finiront par se détourner de ce produit lorsqu'il sera trop acheté, trop utilisé, trop banalisé ... Et oui, bien souvent les gens aiment posséder quelque chose que les autres n'ont pas. Il faut donc savoir créer une certaine forme de rareté, tout en vendant suffisamment pour vivre bien. N'est-ce pas là l'un des ingrédients savamment utilisé par Apple qui s'empresse d'annoncer les (faibles) quantités disponibles, à l'occasion de la sortie de ses nouveaux produits ? N'est-ce pas le dire quasi unique que les fans de la marque retiennent au moment de ces lancements merveilleusement bien orchestrés ?

5. Manipulez avec dextérité le marketing du marketing !
Comme dit précédemment, les consommateurs ont appris à lire entre les lignes. Ils sont devenus suspicieux. Et bien justement, donnons-leur un os à ronger à ce sujet : mettons en avant notre logique marketing et donnons la leur à déchiffrer ! Faisons en sorte finalement qu'ils se rappellent plus de notre démarche marketing, de nos slogans, de nos images, que de notre offre. Mais faisons-le intelligemment si possible : faisons en sorte que les consommateurs relient les 2 dans leur subconscient, la stratégie marketing et le produit. Un exemple à suivre dans ce sens est sans doute celui de Budweiser et de son célèbre cri "Wassup ?" (quoi de neuf ?) qui a défrayé la chronique des mois et des mois, sinon des années, mais auquel il manquait sans doute cette touche de clairvoyance et de roublardise qui en aurait fait un véritable apôtre de la marque et non simplement un phénomène de mode au final déconnecté du produit qu'il avait voulu accompagner.

6. Osez l'extravagance, l'excès, voir la grossièreté  !
Savoir aller trop loin est un atout que l'on peut parfois se permettre pour amplifier le marketing un peu sage et politiquement correct qu'il convient d'adopter dans la majorité des cas. N'est-ce pas Monsieur Benetton ? (même si je sais que ce dernier se défendra de n'avoir jamais été grossier). En poussant ce raisonnement à l'extrême , le but est bien ici d'aller jusqu'à se faire interdire et ainsi de retourner à l'étape 3. "Faîtes-vous désirer !". Ne désire-t-on pas avant tout ce qui est interdit ? ...

7. Trouvez-vous un ennemi juré !
Les gens adorent les combats, les confrontations, les histoires de gentils et de méchants (certains préfèreraient même parfois que les méchants puissent gagner plus souvent ...). Donnez donc leur l'occasion de se réjouir de ces batailles. Trouvez-vous un ennemi auquel on pourra vous comparer. Trouvez-vous votre Pepsi, votre Quick ou votre concurrent chinois ... Vos clients adoreront faire un choix, et la presse adorera narrer vos combats !

8. Cultivez une certaine part de mystère, voir de magie !
N'expliquez pas tout. Ne justifiez pas tout. Une certaine catégorie de consommateurs achètent aussi par curiosité, pour découvrir, rencontrer le mystérieux ... Rappelez-vous de Coca-Cola et du culte de leur recette secrète, des produits cosmétiques et de leurs secrets de jeunesse et de beauté, de l'industrie pharmaceutique et para-pharmaceutique avec leurs principes actifs mais néanmoins emprunts du mystère hérité de nos grands-mères ou des guérisseurs de l'ancien temps ou d'autres civilisations ... Et que dire du marché des consultants qui ont tous la recette magique pour mieux faire fonctionner votre société que vous-même ne pouvez le faire ?  (au passage j'en profite pour vous rappeler que cette composante mystérieuse, ne doit être qu'une composante et ne pas constituer la totalité de votre offre. Cela va sans dire pour un consultant, mais parfois les choses qui valent sans dire, sont plus claires après avoir été dites ...)

9. Oubliez le point 3. (faites-vous désirer !) et remplacez le par "Séduisez !"
Je vous engage à ce sujet à lire le livre de Guy Kawasaki, l'Art de l'enchantement qui nous enseigne qu'il faut éveiller le désir, puis installer le trouble et finir par créer le plaisir. Ce à quoi Stephen Brown rajoute : "renforcez l'effet et donnez l'estocade finale !". Vos clients adoreront vous courir après, surtout après que vous les ayez fait attendre un peu. Au passage remplacez les traditionnelles techniques de chouchoutage, de choyage et de câlinage par des techniques d'enjôlage, d'ensorcelage, d'embrouillage, voir de taquinage, d'aguichage et de charmage ... Adoptez une attitude de flirt plus que de copinage. Ne vous faîtes plus simplement des amis, mais flirtez et draguez ! (et je vous assure que je ne joue pas ici la carte du point 6. ...)

10. Allez à contre courant !
Moi qui prône souvent l'analyse des tendances pour pouvoir innover efficacement, je me trouve ici fort marri au moment d'aborder ce 10ème point. Je dois en effet rejoindre quelques partisans de la technique du contre-pied. Quoi de plus efficace pour se faire remarquer que de nager à contre courant ? Faîtes donc l'opposé de ce que tous vos concurrents font. La tendance est au modernisme ? Surfez sur la vague du rétro et du rococo ... La mode est aux couleurs pastels ? Utilisez donc des couleurs vives ... La technologie permet une miniaturisation à l'extrême ? Concevez des objets qui occupent plus de place et qui seront par conséquent plus visibles ...

11. Passez des 4, 6, 8 ou même 10-P aux 12-D !
Le marketing s'est appuyé depuis des décennies sur la règle des 4-P (Product, Price, Place, Promotion), auxquels sont venus au fil du temps et des illuminations des uns et des autres s'en greffer d'autres (voir mon article Et si votre succès se résumait en 23 mots seulement ? ...). Stephen Brown nous propose d'oublier tous ces P, et de les remplacer par des D :


Dédaigner les consommateurs accroit leur Désir
Dénigrer les consommateurs accroit leur Détermination
Déposséder les consommateurs accroit leur Désespoir
Différer la consommation des consommateurs les rend Dingues
Délivrer les produits ou les services inspire de la Dévotion
Désobéir Désoriente


mercredi 18 avril 2012

Plan Marketing pour les nuls ... en plans marketing

Réaliser un Plan Marketing est une action qui requiert du temps et que finalement bien peu de petites entreprises décident de mettre en oeuvre. Mais encore une fois, pourquoi se priver d'un outil qui semble avoir fait ses preuves auprès des plus grands ? Pourquoi, même si l'on est petit, ne pas appliquer les règles élémentaires qui forgent le succès d'une entreprise ? Et puisque un Plan Marketing n'est rien d'autre qu'un document qui fixe sa stratégie, définit ses moyens et éclaircit ses objectifs, il est finalement impensable qu'une entreprise puisse en faire l'économie.
Oui, mais voilà, comment construire un Plan Marketing ?  Quelle structure ? Quel contenu ? 
Je vous en propose ici un exemple, tel que résumé par mes étudiants en marketing de l'ISEG, après une année passée ensemble à en décortiquer les détails. Bravo à Maëlys Debatisse et à Damien Bourc, élèves de 3ème année en Marketing & Communication School à l'ISEG campus de Nantes, dont je propose ici la "recette" pour construire un Plan Marketing efficace.


Vous pouvez télécharger ces documents complets sur :
Plan Marketing Stratégique --> https://docs.google.com/open?id=0B8dCYzATeSNrMTlUNDJlblF4VkU
Plan Marketing Opérationnel --> https://docs.google.com/open?id=0B8dCYzATeSNrQU5SWWVtOHNxRlk

vendredi 13 avril 2012

Mettez du PEPS dans votre entreprise !


TV Vendée m'a fait l'honneur de m'inviter à leur émission hebdomadaire Mag Eco, animée par Bernard Daurensan, afin de parler quelques instants Innovation. L'occasion m'a été ainsi donnée de partager ma vision en la matière et tout particulièrement d'insister sur l'état d'esprit nécessaire à toute entreprise qui souhaite faire de l'innovation une pierre angulaire de son succès.


Si vous souhaitez approfondir le sujet, je ne peux que vous inciter à lire (ou à relire ...) mes articles dans lesquels je développe cette approche :