jeudi 27 novembre 2014

La décroissance est impossible, alors vive la croissance !

La croissance économique est-elle nécessaire ? Est-ce bien raisonnable en cette période de disette de vouloir continuer à investir dans de nouveaux aéroports ? Les entreprises qui dégagent des bénéfices en veulent toujours plus ! Voici un florilège des questionnements et déplorations que nombreux font ces derniers temps. Alors, doit-on vouloir aller de l'avant en créant toujours plus de valeur ?


La croissance économique s'explique tout d'abord par le seul fait de la croissance démographique. Ces 10 dernières années, la France a connu une augmentation moyenne de sa population de 0,6 % par an, pendant que le reste de la planète croissait dans le même laps de temps de 1,1 % chaque année. Rien qu'en France, la différence entre les naissances et les décès annuels se chiffre à environ 250 000.
Il convient donc que nous soyons capables d'absorber ce flux récurent de nouvelles bouches à nourrir en l'accompagnant d'une augmentation de richesses au moins équivalente. Nous sommes donc contraints, nous français, en souhaitant par ailleurs que le niveau de vie de chacun soit au minimum maintenu, à rechercher une croissance économique au minimum de 0,6 % par an. Et si l'on souhaite que la France ne perde pas de terrain vis-à-vis de sa représentativité mondiale et de sa capacité à "servir" la population mondiale, on peut même élever ce minimum à 1,1 %.

Au-delà de la croissance démographique
Bien sûr, déjà à ce niveau de discussion, se pose la question de la nécessité de maintenir le niveau de vie à son niveau actuel. Ce préambule est-il si indéboulonnable ? D'un point de vue sociétale, il semble utopique de vouloir demander aux individus de renoncer à leur confort et à leurs statuts en diminuant leurs trains de vie. En admettant que cela soit possible, de telles décisions mettraient de toute façon inévitablement la société en péril, créant dans un premier temps un surplus de capacité de production et donc un surplus de travail qui engendrerait immédiatement des taux de chômage importants.
L'autre solution consisterait à "figer" les valeurs des biens actuels et d'en interdire ainsi toute augmentation. Là aussi, la mission est plus qu'impossible, car il faut se souvenir de la cause de ces fameuses augmentations, encore appelées inflations, qui ne sont rien d'autre que le résultat d'un excès de demande par rapport à l'offre. Et là encore, le seul effet démographique implique à lui seul l'existence de ce mécanisme inflationniste. 
Donc, le simple fait que la population augmente génère non seulement un surplus de bouches à nourrir, mais également une hausse mécanique des prix par un accroissement de la demande. Il convient donc de rajouter à nos 1,1 % précédents, quelques % supplémentaires liés à cette inflation "naturelle". Mais attention, il convient en matière de croissance économique de raisonner en PIB réel, c'est-à-dire sans tenir compte de l'inflation des prix qui effectivement ne reflète pas d'une croissance de production de biens équivalente.

Progrès or not progrès ?
Donc, pour que l'on puisse se maintenir à un niveau de vie équivalent à celui de l'année passée, il faut que nous soyons en capacité à générer une croissance "réelle" de 1,1 % accompagnée d'une croissance "artificielle" de x % (dépendant du poids de la demande par rapport à l'offre). Et si l'on souhaite plus ? Plus que maintenir son niveau de vie. Que se passe-t-il si chaque individu de la population souhaite progresser ?

Que faut-il si ceux qui n'ont pas assez à manger puissent manger à leur faim, si ceux qui n'ont pas de logement puissent disposer d'un toit digne de ce nom, si ceux qui gagnent le SMIC veulent pouvoir s'habiller correctement, si ceux qui gagnent 2 fois le SMIC veulent pouvoir profiter de leur temps libre, si ceux qui gagnent 10 fois le SMIC, veulent offrir les plus grandes écoles à leurs enfants, et ceux qui gagnent 100 fois le SMIC, veulent investir une plus grande partie de leurs revenus dans l'emploi et donner ainsi une chance à ceux qui gagnent 10 fois le SMIC d'offrir les plus grandes écoles à leurs enfants, à ceux qui gagnent 2 fois le SMIC de pouvoir profiter de leur temps libre, à ceux qui gagnent le SMIC, de pouvoir s'habiller correctement, à ceux qui n'ont pas de logement de disposer d'un toit digne de ce nom, et à ceux qui n'ont pas assez à manger de manger à leur faim ?

Pour que cette chaîne vertueuse existe, il faut donc que nous rajoutions inévitablement à nos 1,1 + x % quelques autres y %, gonflant ainsi le chiffre inexorable de la croissance économique nécessaire au bon fonctionnement de notre société, et donc en conclure que oui, la croissance économique est nécessaire. Que oui, il est raisonnable, même en cette période de disette, de vouloir continuer à investir dans de nouveaux aéroports. Et que oui, les entreprises qui dégagent des bénéfices doivent toujours en dégager plus...

lundi 1 septembre 2014

Quand la politique rejoint le marketing

Nous savions déjà que les hommes politiques comptaient parmi les meilleurs marketeurs au Monde, et il semblerait que l'actualité mouvementée de ces dernières semaines en matière de gouvernance vienne le confirmer ... Enfin, à y regarder de plus près, peut-être que finalement ils ne maîtrisent pas toutes les facettes de cet art si cher à mes yeux. Il ne fait en effet nul doute que nos chers dirigeants sont d'excellents communiquants, d'excellents créateurs d'argumentaires et d'excellents "tueurs" de concurrents, mais possèdent-ils vraiment tous les fondamentaux qui feraient d'eux des experts marketing hors pair ? ... Il me semble personnellement, au vue des atermoiements des uns et des autres, gouvernants patentés, frondeurs, dissidents et autres poils à gratter de tout genre, que nous avons à faire ici à un affrontement tout autant idéologique que technico-commercial.

Stimuler la demande ou renforcer l'offre ?
Oui, les hésitations du moment, les prises de position plus ou moins affirmées de tout bord, peuvent finalement se résumer en une problématique bien connue en marketing : convient-il de mettre en place une stratégie de marketing de l'offre, ou une stratégie de marketing de la demande ?! En d'autres termes, faut-il favoriser la demande (comprenons la consommation et les consommateurs) ou bien encourager le développement de l'offre (comprenons les entreprises et les entrepreneurs) ? ... La croissance viendra-t-elle d'une offre plus alléchante et compétitive ou alors d'un pouvoir d'achat et d'une soif de consommation revigorés ? Telle est la question ...

Le(s) syndrome(s) de la poule
Insuffler un nouvel élan consumériste relève quasiment du célèbre dilemme de l'oeuf et de la poule. Lequel a-t-il donné naissance à l'autre ? Qui de l'offre ou de la demande parviendrait-il le mieux à relancer notre économie atone ? Peut-être pensez-vous à un autre adage populaire se référant lui aussi au milieu aviaire et qui nous recommande de ne pas mettre tous nos oeufs dans le même panier, et qui nous inciterait ainsi à favoriser l'un et l'autre, à encourager à la fois la consommation et l'offre, mais l'histoire nous a montré que le manque de conviction, le saupoudrage de demi-mesures, la politique du deux pas en avant, trois pas en arrière n'ont jamais fait de merveilles ... Choisir, c'est ce qu'il convient de faire. Choisir, même si cela nécessite de renoncer, et si cela réclame une prise de risques certaine.

Petit rappel
Souvenons-nous simplement des techniques de base que l'une ou l'autre des stratégies requiert. Le marketing de l'offre est avant tout une question de maîtrise de la communication et de l'innovation, alors que celui de la demande nécessite le déploiement d'études de marchés et le contrôle des coûts. Arriverons-nous à relancer l'économie en faisant preuve de créativité ou d'analyse ? Y réussirons-nous en ouvrant le champs des possibles ou en offrant la part belle à la rationalité ? Les entreprises sauront-elles créer une offre nouvelle et par voie de conséquence redistribuer la valeur ainsi générée aux consommateurs, ou les consommateurs sauront-ils acheter plus et fournir ainsi les moyens aux entreprises de créer plus  ? Qui saura amorcer la pompe ?  Politique de l'offre ou politique de la demande ? ...