mardi 28 juin 2011

Sélectionner ses idées

Je réagis ici à un commentaire d'Emilie Vallet (Logica Business Consulting) qu'elle a fait dans un post sur http://blog.usinenouvelle.com/innovation/management/l’industrie-francaise-sait-elle-innover/ au sujet d'un mal qu'elle juge récurent en France vis-à-vis de l'innovation : « Le parent pauvre des démarches d’innovation des entreprises françaises c’est la sélection des idées. Il y a un vrai déficit de méthodologie en amont du processus d’innovation »



D'après moi, la raison de ce déficit tient du fait que, pour innover, nombre d'entreprises ne considèrent pas d'autres voies que celles où traditionnellement on cherche à améliorer les performances en se comparant à ses concurrents directs. Les vraies "bonnes idées" ne proviennent pas d'une simple observation de son environnement immédiat, mais d'une véritable ouverture d'esprit où l'on est capable de découpler performances et coûts. De plus, il faut être capable de répondre à la place de ses clients à la question : "que voulez-vous ?". Ou plus exactement il faut savoir lire entre les lignes et relier entre elles des tendances qui peuvent, au premier regard, ne pas avoir de lien entre elles.

Qu'est-ce que l'invention de l'automobile ? Ni l'invention de la propulsion par la vapeur (cela existait depuis près d'un siècle avec les chemins de fer), ni celle du moteur à explosions (cela viendra quelques décennies plus tard),  mais rien de plus que la "simple" invention du système différentiel qui permettait à un véhicule de prendre des virages sur le sol sans être guidé par des rails au faible rayon de courbure. Et pourquoi cette invention ?  Pour cumuler la puissance nécessaire au transport de charges lourdes (raison première des chemins de fer) à l'autonomie offerte jusqu'ici par le seul transport à cheval. 
Les inventeurs de l'automobile ont donc innové en "mixant" les critères de deux domaines différents, voir concurrents, en imaginant une solution qui permettrait à ces 2 domaines de ne plus être vus comme concurrents ou complémentaires, mais bien générateurs d'une nouvelle technologie.

Qu'est ce que l'invention d'Internet ? C'est beaucoup plus "tordu" que pour l'automobile. Contrairement à ce que l'on pourrait penser, l'origine d'Internet, les réseaux informatiques, n'est absolument pas liée à une volonté d'améliorer la communication entre individus, mais au contraire de la compliquer ! Il s'agissait pour les américains, à l'époque de la guerre froide avec le bloc soviétique, de développer un moyen de ne pas centraliser les informations sensibles sur un ordinateur unique, mais de les répartir sur plusieurs ordinateurs et ainsi de rendre leur intrusion plus difficile. 
Ce qui a fait de cette volonté, bien des années plus tard, l'outil "web" que nous connaissons aujourd'hui n'est autre que la simple observation que ce qui avait été fait dans un sens (pour brouiller les communications) pourrait tout aussi bien être utilisé dans l'autre sens (en facilitant l'accès à l'information en la relayant d'ordinateurs à ordinateurs).

Ces deux exemples d'inventions, ô combien marquantes pour l'humanité, montrent que pour innover il faut savoir regarder au delà des propres applications pour lesquelles la technologie que l'on maîtrise à un instant t semblent être parfaitement adaptée. Au delà, mais pas forcément bien loin et avec une pointe d'ouverture sur d'autres domaines complémentaires ou concurrents ...

2 commentaires:

  1. Pour se différencier, encore faut-il avoir sa propre identité. N'est-ce pas là, une des principales causes : une tendance à tous vouloir se ressembler.
    Je discutais récemment avec des gens sur la Chine. Et je faisais remarquer que la force et l'avantage de l'Europe et des Etats-Unis sur la Chine c'était notre culture. Aujourd'hui, les chinois veulent nous ressembler, comme une grande partie du monde. Tant que notre culture les influencera, nous dominerons. Or, aujourd'hui, les entreprises ne capitalisent pas sur une culture et une identité propre et bien spécifique. Il faut peut-être commencer par là, non ?

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  2. Oui je suis moi aussi un fervent defenseur de l identite d entreprise.
    Je crois enormement aux vertues d une communication institutionnelle qui affirme les valeurs et savoirs d une entreprise et non seulement son offre

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