samedi 27 août 2011

Les consommateurs sont-ils capables de concevoir ?









Christian Guellerin, directeur général de L’École de design Nantes Atlantique s'est récemment exprimé au sujet de l'évolution du comportement des consommateurs (http://www.lecolededesign.com/fr/actualites/bdd/actualite/1155/titre/economie-de-marche-vs-economie-de-la-contribution). 
Il constate que nous, consommateurs, sommes de plus en plus exigeants quant à la conception des biens que nous achetons. Christian Guellerin qualifie cette tendance d'économie de la contribution, dans laquelle le consommateur souhaite être partie prenante, acteur, de la conception, du design des produits qui lui seront proposés. Il voit même dans ce phénomène un retour à des valeurs beaucoup plus humaines, voire humanistes en rendant le pouvoir à l'individu au détriment des groupements commerciaux.


S'il dit vrai, et j'avoue que cette prise de parole me laisse perplexe, il convient bien évidemment de repenser notre vision du marketing et de réinventer des outils qui intégreront cette nouvelle façon d'aborder les marchés. Ce serait effectivement une véritable révolution, dans un monde où l'idée que le consommateur ne sait pas vraiment ce qu'il veut a pris une place prépondérante dans nos mécanismes de création de valeurs. Chacun s'accorde pourtant bien pour dire qu'il convient de placer le client au centre de ses préoccupations, mais bien souvent, pour ne pas dire toujours, cette prise de conscience ne se matérialise que par une simple projection de ce que l'on s'imagine être les attentes des clients, sans que celles-ci soient pour autant clairement exprimées.


La question mérite d'être posée : créons-nous des objets pour répondre à une demande clients clairement exprimée ? 
Les véhicules de type monospace sont-ils nés d'une demande de certaines personnes de pouvoir disposer d'un moyen de transport mi-voiture de tourisme, mi-minibus ? Et si, effectivement, on peut imaginer que la réponse puisse être oui, il y avait-il un nombre si important de consommateurs qui aient réclamé ce type de véhicule, pour justifier que Renault (à moins que ce ne soit Chrysler ...) parie son avenir sur cette conception ? 
On peut également s'interroger de la même façon au sujet des tablettes numériques : quelqu'un a-t-il un jour osé réclamer un objet beaucoup plus gros qu'un téléphone portable, moins puissant qu'un ordinateur, aussi cher, mais beaucoup plus petit qu'un téléviseur, et plus fragile qu'un livre de poche ? Et si la demande était d'inventer un objet qui puisse remplacer le téléphone, l'ordinateur, la télé et les livres, avouez que ce n'est pas tout à fait mission accomplie ... Et pourtant ces tablettes numériques sont un succès retentissant. Succès pas si rationnel que ça d'ailleurs : comment expliquer que des tablettes plus performantes et dans certains cas moins chères, soient en passe d'être contraintes de jeter l'éponge face à l'ogre Apple ? ... 
La réponse serait-elle dans les propos de Christian Guellerin : parce que l'Ipad est le résultat des contributions de ses utilisateurs et que par conséquent cela rend ces derniers aveugles de fierté ? ... Pas impossible ...

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